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BAVARDAGES
Un souvenir d'enfance qui dérange
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C'est un coin de verdure où coule une rivière...
Dans le village où j'habite...
Il m'a dit qu'on a un étranger.
Mais lui, il n'est pas seul,
On ne l'appelle pas par son nom, on dit :
Souvent on lui dit à elle : dégage !
Quelqu'un lui a dit :
- Tu dois tenir bon !
On est devenu sournois,
...Elle n'était pas sur la photo, «faut pas déranger !»
Puis elle a lu, qu'on l'avait remplacée…
Pourtant je me pose une question, |
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La preuve : Elle n'était pas sur la photo ! Mais Il le sait : Elle n'est pas bête, C'est un être humain, pas un fantôme.
Pour Certaines qui savent,
Il parait que maintenant, elle tricote du fil
Et l'étranger ? Monec - janvier 2016 Pour garder la tête haute malgré l'adversité.
Certaines nous ont quittées, d'autres sont arrivées puis restées ou reparties ! |
Monec - Janvier 2016 |
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Mon école
Elle porte encore le nom d’un écrivain Français, Henri Barbusse, qui rédigeait des articles pour la revue « Paix par le droit ».
Je me souviens de mon premier cartable, il sentait bon le cuir neuf, il était vert foncé.
Je me souviens de ma meilleure copine, nous étions à la même table, le premier jour de classe,
Je me souviens de ma première institutrice, elle s’appelait madame Tanguy,
Je me rendais à l’école à pied avec les enfants plus âgés qui passaient devant chez mes parents,
C’était en 1957, je commençais ma première année d’une longue série avant d’entrer dans la vie active.
Nous allions à l’école le lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi, j’aimais bien ce jour-là,
D’autre samedi, nous faisions des napperons au point de chaînette, du tricot ou de la couture.
Je me souviens avoir cousu à la main une brassière pour bébé en finette blanche avec du fil à gant.
Chaque fois que j’y pense, je revois cette poésie du dormeur du val de Arthur Rimbaud
Nous habitions dans une vallée, où les enfants se parlaient d’une maison à l’autre,
C’est une mine de souvenirs qui ont jalonné notre enfance. | ![]() |
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Nous étions dans la cour des filles.
Je me souviens des chants que nous chantions assises sur les marches qui menaient au perron des appartements des institutrices,
Je me souviens d’une bêtise, une enfant apportait souvent des bonbons à l’école,
Je me souviens d’un moment très triste, le jour où l’institutrice de certificat d’étude avait apporté une cuvette
Je me souviens de ma meilleure amie, nous avons suivi les cours du CP à la seconde, puis elle est partie travailler au Maroc.
Je me souviens des toilettes de mon école, en juin ça sentait mauvais, en hiver on y passait très peu de temps,
Mais je me souviens aussi :
Je n’ai pas oublié la faute d’orthographe qu’il m’arrive encore de faire aujourd’hui, | Monec - Février 2018 |
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Un souvenir d'enfance qui dérange
Quand on parle des souvenirs d'enfance, ce dont on se souvient c'est un mélange de goûts sucrés et de goûts amers,
les traces qu'ils laissent en nous, sont souvent un tuteur qui nous aide à grandir, ou un avertissement pour éviter la frayeur.
Les enfants ont une grande capacité à enfouir ce qu'ils ne comprennent pas ou ce qui leur fait peur,
parce qu'ils ne savent pas quels mots mettre sur ces émotions.
J'avais un mot que j'avais du mal à dire, il revenait souvent titiller ma mémoire.
Il me faisait mal à la gorge et ne voulait pas sortir, j'avais l'impression parfois de pouvoir le saisir
mais il retombait toujours au fond de moi sans que je puisse m'en souvenir.
Un jour, j'ai pu le saisir et comprendre ce qui me faisait mal, il contenait le son "ON".
Dès que j'entendais un mot contenant ce son je le notais, mais au mot suivant qui revenait,
j'avais perdu le papier sur lequel j'avais noté le premier et je recommençais comme Pénélope,
à essayer de ramener ces mots, ils revenaient parfois la nuit et au matin je les avaient oubliés.
Aussi, j'ai continué à chercher, point de bourdon, charbon de bois, son du basson, Décathlon, cornichons,
Et j'ai continué à chercher, bâton, saucisson, cochon, j'en ai trouvé l'origine et toujours pas de grandes émotions.
Je continue : patron, cordon, Panthéon, pantalon, Parthénon, lemon, limonium, giron, balcon, perron, monde,
gironde, rond, guéridon, bouchons, pardon...
Nous étions 6 enfants et comme tous les enfants, nous n'étions pas toujours très calmes, un soir nous nous chamaillions
les garçons contre les filles et je me suis retrouvée le front en sang avec une entaille en pointe,
je m'étais cognée contre le coin du téléviseur qui était en laminé couleur bois foncé, une matière très dure et coupante.
Une petite fille de 11 ans, me fit penser à tous ces mots, ils se sont bousculés :
Bonté, Conseil Municipal, carton, télévision, pierre grande comme une maison, honte, jurons, baston...
et tout commençait à s'éclaircir !
Grand carton sur lequel était imprimé l'image d'une télévision, un gros bloc de béton très lourd,
un cordon plat, un homme prénommé Raymond, une dame blonde du Conseil Municipal,
le grondement de l'orage, les jetons gratuits offerts par la Mairie aux enfants de l'école,
pour monter gratuitement sur les manèges de la fête foraine, les bonbons du distributeur, les camions des forains,
et un chien devant un gramophone... la marque : La voix de son Maître.
Une scène s'est jouée devant mes yeux, et j'ai enfin compris pourquoi tous ces mots me faisaient mal
sans que je puisse savoir pourquoi !
D'autres scènes sont revenues quelques jours plus tard, aussi claires que si je les regardais à la télévision,
comme un film d'un autre temps, les émotions restaient fortes,
j'ai enfin pu me réconcilier avec tous ces mots qui prenaient un malin plaisir à me hanter.
Une sortie scolaire avait été organisée, les enfants de ma classe profitaient de cette escapade au bord de la mer,
je n'avais pas pu y aller. Mes parents avaient décidé d'emmener toute la famille en voiture ce jour-là, au même endroit, celui prévu pour la sortie de ma classe.
J'étais tellement déçue de ne pas partir avec mes camarades, que j'étais d'humeur morose.
Après le repas, j'ai apercu une petite fille de mon âge, elle venait de s'arrêter et regardait les vagues à ses pieds,
J'ai cru reconnaître une copine de ma classe...
j'ai cru qu'on m'avait fait la surprise, et dans un moment de joie profonde je criais son prénom,
J'avais eu juste envie de courir avec elle, souvent dans mes cauchemars je revivais ce moment, avec une grande tristesse.
Et puis les mots ont traversé le temps... | ![]() -
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Nous sommes en 2019... les années ont passé, j'avais mis de côté cet épisode de ma vie,
Dans toutes les conversations, dans toutes les émissions à la radio, des films et dans le courant de mes lectures,
j'étais attentive à la moindre émotion produite par un mot contenant le son "ON", il m'est apparu que rien que le mot émotion
était déclencheur d'émotion, je le mis donc de côté lui aussi.
Pendant une période, j'ai essayé d'y associer d'autres mots qui contenaient le son "on",
Pauline Carton, mais je me suis apercue que ce qui me rappelait ce nom n'était pas le sien
mais celui de Marie-Pierre Casey dans une pub pour je ne sais plus quel nettoyant pour le bois ciré foncé,
Il y a quelque temps, nous nous sommes aperçus que nous ne voyions plus les indications notée en bas de notre téléviseur,
nous avons donc cherché un autre appareil, plus grand, sur la toile, nous sommes allés le chercher à Géant, cela s'est fait très rapidement,
Le carton est resté deux jours devant l'âtre de la cheminée, mon mari voulait le jeter, et sans savoir vraiment pourquoi j'ai dit "NON" !
Et un énorme malaise, une honte absolue, l'humiliation !
Comme dans un film en noir et blanc, j'ai vu défiler devant mes yeux, des images très anciennes, qui avaient près de 60 ans.
Ce jour-là, c'était la fête du village, Marcel était arrivé sur la place des fêtes avec son tracteur rouge, tous les enfants
couraient derrière la remorque sur laquelle était posé un gros carton arrimé par des sangles rouges.
Il s'arrêta près de la porte de la salle des fêtes, et Raymond se précipita pour l'aider à descendre
le carton emballé dans du papier Kraft.
René et Fernand l'aidèrent à le porter, ils se demandaient ce qu'il contenait,
Marcel leur dit que quelqu'un l'avait apporté chez lui le matin et lui avait demandé de le déposer à la salle des fêtes à 16h.
On le déposa donc devant la scène sur une table, et après le discours du maire qui remerciait
les gens qui avaient organisé cette manifestation, les stands pour les enfants, le goûter etc.
on se retrouva autour du carton, il était écrit un nom sur le dessus, c'était celui d'une personne
que le maire avait remercié quelques minutes auparavant pour son investissement pour cette fête,
car il avait fait beaucoup pour que les enfants profitent bien de cette journée.
On lui demanda d'ouvrir le gros paquet ! ce qu'il fit doucement, tous les enfants étaient autour de lui,
à se demander ce qu'il pouvait bien y avoir dans un si gros carton.
C'était la première fois, depuis que la fête existait, que les enfants ne couraient pas partout,
dans les jambes des adultes en attendant le goûter.
Lorsque le papier Kraft fut bien déchiré on aperçu l’image d’un chien devant un gramophone, au centre de l'image d'un téléviseur
sur l'emballage de carton !
On entendit des "Oh" ! dans la salle, dans ces années-là, peu de gens avaient la télévision.
La personne qui recevait le cadeau s'arrêta et fit venir près de lui ses enfants, sa fille de 11 ans et son fils âgé de 5 ans,
leur maman était décédée l'année précédente !
J'entendis un coup de sifflet, c'était le même que celui qui nous rappelait qu'il était l'heure de rentrer,
je vis mes frères sortir en courant de la salle, mais je voulais voir le téléviseur, je me suis cachée en riant avec ma copine Gisèle !
Quelques minutes plus tard, j'ai su ce qu'était une déception collective, dans le carton il y avait un bloc de béton,
à la place où on s'attendait à trouver l'objet magique !
Le maire se fâchât, et demanda qui avait bien pu faire une farce aussi idiote !
Je ressens encore, de temps en temps un malaise en pensant à cette histoire,
quand j'y repense le rouge me monte aux joues, pourtant je n'ai rien fait et surtout aucun mal à qui que ce soit,
ce sont juste des émotions qui se frayent un chemin vers la liberté...
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Monec - |
Monec